Les temps sont durs ? Non c’est bien pire, ils sont mous, et ils ont de qui tenir. Qui imaginait sincèrement qu’aux manettes d’une nation, Winnie l’ourson, serait capable de remonter tout un pays à la seule force de son petit pot de miel ?

Pressé, sommé, puis bientôt acculé par tous à « inverser une pente », et fort de ses convictions, il décida de faire redescendre tous ses moutons dans de plus verts pâturages et créa : le pôle en bois.

D’autres en eurent l’idée avant lui mais il en fit (aidé de quelques autres) le merveilleux joujou que l’on connaît aujourd’hui. Un hochet géant où toute la création vient ou viendra tôt ou tard s’accrocher. Certains lui secouent déjà très fort le prunier sachant qu’il n’y en aura pas pour tous. Ils ont compris que cela fait du bruit mais pas seulement, le hochet recèle de bien d’autres curiosités que je vais ici démasquer.

Sous une apparente simplicité, le jouet est un Rolls d’organisation qui fait bois de tous paradoxes. Nous sommes les seuls à produire ce modèle léthargique. Au même titre que notre artisanat (qui se meurt), nous aimons rayonner d’ingéniosité. Et là, coup de maître il faut bien l’avouer : On a tellement bien protégé l’idée, que personne n’a essayé de nous la piquer, ni même de la contrefaire. On entend parler d’espions bridés s’infiltrant chez Renault ou Hermès, mais pas un seul n’a encore été repéré sur le pôle, étonnant…

Curieux endroit que le Pôle en Bois. Partout où je regarde je vois des gens heureux. De valeureux candidats au licenciement me dit-on. Check ! J’en suis moi aussi, et j’observe ce curieux manège avec délectation. Petits soldats de plombs appelés conseillers mènent une danse infernale dès l’accueil. Ils scandent « les RDV à droite », tout en montrant la gauche ! Et pour les autres ? Une sieste à l’étable ? Je suis comme dans prison break et l’issue ici n’est pas la sortie, mais l’entrée, qu’il faut gagner à la sueur de son inertie. C’est ainsi qu’après quelques longues minutes d’une attente fiévreuse on m’appelle enfin.

« ASS & DICKS »
Voici ce qu’indique l’écriteau à l’entrée du bureau de ma conseillère. Que dois-je comprendre ? Alors c’est très simple me dit-elle, nous allons définir ensemble vos envies, vous réorienter si besoin est, tout en prenant soin d’être toujours derrière vous. Ça a l’air rassurant et chouette. Nous parlons, rémunération, échéances, indemnisation, je me sens prise en main comme jamais. Nous avons l’air d’avoir fait le tour des réjouissances lorsqu’elle se penche vers son imprimante pour y sortir une offre en bois : Poste n’ayant que peu d’adéquation avec ce que je fais, mal payé et géographiquement aux antipodes de mon lieu d’habitation. Elle porte un fin chemisier en transparence duquel j’aperçois sur son épaule, un curieux dédale de flèches, comme un labyrinthe gravé dans la chair. Lisant mon étonnement elle marque un silence, puis, dans un soupir signifiant l’abdication me dit :

« Allez un de plus un de moins, vous êtes déjà huit millions à savoir ».

Elle me met en garde disant que ça va aller très vite et qu’il faut que je rassemble mes esprits et tente d’imprimer ce que je vais voir. Elle précise enfin que rien ne sera plus jamais comme avant. Cela agirait sur la volonté, le courage et le dépassement de soi.  Les premiers jours continue-t-elle, on peut éprouver des difficultés à descendre chercher une baguette de pain à la boulangerie. Les mois qui suivent ouvrent la boîte de Pandore, le sommeil reprend ses droits, ceux dont jadis, nourrissons nous jouissions. Ils ont même recensé des cas allant jusqu’à l’abnégation de l’hygiène élémentaire. La chemise tombe, mes yeux se crispent, Ils sont là devant moi : les plans de la vie passive

Et c’est ainsi que Winnie aurait permis l’implosion d’une lignée de porcinets assoiffés de gras, de flambe et de glande qui, les derniers morceaux de croissance avalés, s’endorment repus et lessivés, attendant le prochain versement mensuel permettant de reproduire le schéma à l’infini mais jamais au delà de deux ans.

Gare à la réinsertion, l’herbe grasse leur aurait séché la tête.

Remonter la pente disions-nous ? Lestés comme des plombs et groggy de flemme nous préférons chercher des coupables. Mais qui a donc bien pu voler nos emplois ? « Les Roms-en-tics » qui assiègent nos villes ? J’ai des doutes, même si eux aussi ont bien compris qu’il n’était nul besoin de s’emmerder et développent bien plus belle matière grise que nous autres pleureuses de pâturages. Le QI à l’assaut du cuivre sur le rail SNCF, avec un prix à la revente au kilo correspondant à trois mois de prestations, le tout en une heure chrono. Puissions-nous seulement être aussi futés ?

Le reste du temps se passe tranquillement et en famille à l’abri d’une tente Quechua ou sur matelas triple confort Epeda. Voilà comment nous en sommes venus à les détester, leur trouvant le groin chanceux.

Et si la solution était ailleurs ? Rassurons-nous Winnie gère…

Il ferait plancher Bourriquet sur la montée en puissance d’un autre eldorado toujours « made in Glande ».

Un indice : sur simple adhésion vous pourriez faire vos dents sur le hochet sans avoir à les payer.

Gare à la gueule de bois !